La vérité ?

septembre 2023

La vérité ? Un chemin comme un autre, une quête, un trouble c’est certain, un métier parfois, une soif toujours. Je partage avec vous ce petit texte maladroit que j’ai écrit quand j’avais 20 ans, à croire que cette question ne m’a jamais quittée … « La vérité se fait la malle » appartient lui au futur, c’est un texte écrit pour 4 ados qui sera publié en 2024, si tout va bien, et créé en 2024/2025.

Je suis meurtrie / Corps heurtant l’extérieur, frontière qui fait mal / Air irrespirable, signaux difficiles à comprendre / Que de bruit et d’ingratitude, de regards furtifs / Une gare est toujours trop grande, trop bruyante et ce matin-là j’étais perdue / Pas de café comptoir / Comment ma vie pouvait-elle m’être si étrangère d’un seul coup, à ce point / Les petits refuges construits avec application recelaient ce matin plus d’une trahison / La serveuse habituelle n’était pas là et la musique de son « Bonjour » avec elle / Celle-là sans son œil qui louche était désespérément insignifiante sans évocation ni souvenir / La platitude de la nouvelle rencontre qui ne se fera pas car elle ne peut être que l’ombre pâle de l’autre qui arrive à être si vraisemblablement la même à chaque fois / Hier je me suis entaillée le doigt en voulant couper un citron en deux / Je me vis blessée puis je bus du Bardolino un vin italien au reflet chantant mais de l’ivresse il ne restait que le regard joyeux des enfants / Peut-être est-ce ce mensonge, le départ prochain de la colonie, la peur de les perdre, le sentiment d’être perdue / Pourquoi d’un côté le paradis et de l’autre côté le gouffre / La nuit qui suivit j’étais si seule désespérément entourée de pensées noires, de doutes, de culpabilité, d’incapacité à voir l’issue / J’avais tout construit et tout s’écroulait / J’en devenais le centre véreux et toute la pyramide me tombait dessus / Rien ne semblait solide / Tout était éphémère et spéculation / Le commencement se reflétait maintenant dans mon angoisse et je me trouvais sale et perverse / Au fond de moi j’avais perdu la vérité, le sentiment de la justice, l’ordonnance du temps et du désir / J’étais sans âme maltraitant mon oreiller / Les plumes ne sont pas sorties et j’ai fini par me rendormir assiégée par un pauvre moi-même déplumé

Texte écrit pendant une insomnie liée au mensonge dans une colonie où j’étais animatrice.

 

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