J'ai entendu "La vie est le terrain de jeu de la liberté" et cela me fait froid dans le dos ! La parole politique de ce cravaté endimanché  joue avec mon plus grand espoir, mon espoir d’être libre. Sa petite phrase tout en miel et en positivisme déclaré assoie son pouvoir en me mettant à l’honneur, c'est ça ? Elle me fait un croche-pied oui et me voila mordant le bitume. Cette petite phrase me nargue "Vous exercez votre liberté, c’est bien, il n’y a pas de problème et si vous avez des soucis dans la vie c’est que vous ne vous y prenez pas bien et que vous ne connaissez pas le jeu de la liberté et que tu n’es pas vraiment libre, que tu ne joues pas à fond, que tu suis le mouvement, que tu te fais avoir, que tu es sur la mauvaise pente, que ton comportement entraine des violences et que c’est naïf de penser qu’exercer ta liberté c’est se regrouper, élaborer des idées communes, se battre contre les injustices, manifester et croire à la solidarité entre les êtres humains". Moi j'insiste "Oui ma vie est le terrain de jeu de la liberté, oui j'exerce ma liberté" Mais les yeux de l'endimanché cravaté me fixent et me disent que je suis coupable, ce sourire en coin que je voudrais effacer me dit "Oui je vous écoute". Et j'ausculte le visage de l'endimanché, je tente de parler à ce sourire souriant et glacé, avec mes mots engagés et bouleversés d’humanité, j'espère une peu de compassion pour ma souffrance, mon désarroi, l’injustice, la pauvreté, la peur de ne pas y arriver quand c’est trop dur. Mais le sourire continue de sourire comme une photo éternelle, sans langage qui me dévisage avec son évidence de liberté surpuissante, me broie et presque peiné compatit "Vous êtes stupide d’insister, il y a chez vous une bonne dose d’idiotie à ne pas comprendre qu’il vous faut obéir à ma douce dictature en marche la bouche en cœur et ne pas crier, s’il vous plait, ne pas me contredire, accepter le règlement, ne pas hausser le ton, bien lire le document,  remplir la bonne case et vous taire". Et le visage s'efface comme nécrosé et je me retrouve seule pour supporter la fatalité de cet enchainement faussement démocratique qui désormais ne tient plus compte de moi et de ma vie, oui la vie n’est pas le terrain de jeu de la liberté.