juillet 2019
Écrire l'été, c'est nommer le suspect, l'invité de trop que que l'on n'attendait plus, la chaleur qui dessèche, le visiteur qui rentre comme une menace, qui franchit la marche de trop. Écrire l'été, c'est écrire la ville qui se dessèche et titube poursuivie par un été guerrier, c'est écrire la multitude qui grimace, qui transpire et qui a soif. Écrire c'est regarder les assoiffés qui tremblent dans l’entrebâillement d'une porte. Écrire ce n’est pas parler d’elle ou de lui pour en faire un objet de contemplation, un bibelot curieux, un phénomène à étudier, je ne vais pas te dire comment elle mange, comment il retire son dentier comment ses mains tremblent et n’arrivent plus à atteindre sa bouche non, non, non ! Mais comme je ne peux pas faire autrement que de regarder je vais fixer mon regard sur les mains jusqu’à y reconnaître une danse, une danse merveilleuse jusqu’à en oublier que je dois boire moi-aussi. Non, je ne peux pas te dire non plus comment elle s’appelle, car son nom ne raconte pas vraiment l’histoire de cette ville qui a soif, cette ville où je plonge tête la première. Écrire l'été, c'est prendre le bouillon de la sécheresse et se baigner dans la soupe.
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