Voici que l'année nouvelle apparait ! Je l'ai reconnue tout de suite, il faut dire que ce n'est pas faute de se faire annoncer ! Elle entre partout en ce mois de janvier avec sa faconde majestueuse et auréolée de toute notre bienfaisance, elle a pris de l’âge mais elle fait mine de rien en voulant ressembler à celle de janvier dernier c'est la même et c'est une autre, c'est son portrait craché, car ce n'est pas l'imagination qui la nourrit. Et ça cause, ça chuchote dans les chaumières, ça pétille de faux feux d'artifice et partout c'est la même langue bien digérée du bonne année bonne santé! Elle a acheté la même toilette, les mêmes chaussures que l'an dernier et elle trottine dans les mêmes espaces de malhonnêteté. Et elle recouvre toute la terre d'un couvercle de faux espoir, bonne année bonne année bonne année ! Et l'on s'incline à son arrivée, on la supplie de nous donner notre dose de bonheur quotidien, la santé, la joie, l'ambition, la force, l'argent, la créativité, la folie, la révolte, la solidarité, l'amitié, la retraite, l'inventivité, le respect, l'amour, la lune ! Donne-nous tout murmure-t-on de partout ! La ville vibre au son de ses supplications et l'année nouvelle, qui n'est là que pour se pavaner, va s'acheter une glace à la pistache et lèche sans fin le cône glacé! Et on la regarde se régaler et on a peur de ne pas avoir parlé assez fort, on a peur du tonnerre et de la foudre, du chaos, de l'horreur, de la guerre et de de notre propre chute !
Vivement le mois de février !