J’arrive un lundi, la cafetière est vide et personne ne se soucie de m’offrir un petit café bien chaud. J’arrive avec mon pactole de vie, des images pleins la tête et j’avance a petits pas et je cherche au-dessus de mes soucis, au cœur de mes mots et de ma langue un secret qui peut me donner envie de vivre plus fort, plus grand. J’arrive pour dire que les bras de cet homme sont encore forts et peuvent m’aider, j’arrive pour dire à cette femme qu’elle est une fée du logis avec sa pâte à beignets, j’arrive pour dire que cette voix doit continuer de chanter, j’arrive pour faire apparaitre, dire et redire le chaos intérieur, observer la blessure, la cassure, la fragilité et écrire, j’arrive pour dire qu’on est tous fragiles mais qu’ensemble on est plus fort. J’arrive comme je suis et je demande à l’autre d’être tel qu’il est. Je suis une hirsute, une artiste combattive qui se heurte à la vie sociale bien programmée bien compartimentée, avec son chacun.e à sa place, avec ses critères et ses cases, avec ses papiers et ses règlementations et je me cogne aux portes fermées, à la violence des couloirs déserts, aux codes et à l'absence. Et je continue. Je suis la besogneuse du quotidien artistique, c'est mon travail et j’essaye de 
redonner une place à l’humain, j'écris sans fin. Alors s’il vous plait, vous les puissants, les riches, les directions, les gestionnaires, les bien-pensants, sortez de votre tour d'ivoire, ne nous regardez pas de haut, ne faites plus payer les personnes parce qu’elles n’ont pas réalisé leur rêve de grandeur, dites-leurs qu’elles ne sont pas coupables parce qu'elles gardent leurs rêves au fond d’elles-même, il faut juste le réveiller le rêve et comme un oiseau qui sort du nid lui apprendre à voler. Ceux et celles qui ont connu la rue, l’enfermement, l’exil, l’abandon ont un rêve plus grand que ceux qui passent leur vie à courber l'échine, ils ont apprivoisé leur blessure et leur liberté, les deux avançant souvent main dans la main. Et moi je reviens mardi, mercredi ... oui je reviens ...