septembre 2024
Ça a sacrement épaté les français et les françaises de voir tous ces corps surpassant la pluie, tous ces artistes prêts à jouer coûte que coûte, de voir cette énergie communicative qui n’était pas sans rappeler la générosité du désespoir, de voir l’intensité fugitive d’un tableau, de voir cette folle présence, ce qui-vive, cette inédite réactivité qui habitait les artistes, tellement loin des plateaux-tété ! Et on les voyait ces artistes, tout donner en 5 minutes, courir, glisser, trouver la bonne vitesse, être là au bon moment et ont les mangeait des yeux pour notre plus grande joie ! C’était la première fois qu’on voyait leurs corps habiter la ville aux yeux de tous loin des écrans, car oui qui les connaissait avant ? Même ceux celles connues sont apparus autrement et ont joué avec les éléments sauf lady gaga dont la séquence était enregistrée avant. Les vedettes étaient comme les autres et se mêlaient à des artistes que l’on connaissait peu ou mal ou pas du tout et ça nous a épaté de voir qu’il y avait autant de talent, autant de beauté ! Alors oui cela a donné aux français et aux françaises l’envie d’en voir plus, plus souvent, de ces artistes qui travaillent ailleurs, loin des médias, de ces artistes de rue, innombrables saltimbanques toujours prêts à endosser un costume sans broncher. Ces artistes de la marge n’ont pas qu’une seule image d’eux-mêmes et ils sont toujours prêts à se jeter à l’eau, à défier le ciel, pour un jour, une heure, cinq minutes et ils rient en détournant Paris, ils tournoient, se risquent au milieu d’une flaque, dévalent un escalier, se font confiance et se livrent sans filet à tous les regards braqués sur eux ! Cette énergie du tout ou rien, du même pas peur, du ça passe ou ça casse, du on n’a plus rien à perdre, c’était un immense acte de liberté. Je dis cela en mettant de côté le verbiage sirupeux des commentateurs qui se préoccupait, de leurs voix moralisatrices et pompeuses, de nous seriner que la France était la grande gagnante de la soirée, et qu’elle faisait tout mieux que tout le monde. Comme s’il s’agissait de faire mieux que tout le monde ?!. Moi je dis que ce soir-là seuls les artistes étaient sublimes dans l’urgence d’exister, ne vous en déplaise madame la France et tous vos courtisans, les artistes n’étaient pas là pour vous redorer le blason, car vous vous êtes perdue depuis longtemps dans la mauvaise bafouille du « ni oui ni non » même plus capable d’exercer la démocratie. Certes il vous reste votre drapeau mais ce sont les autres costumes lumineux qui nous ont sacrément épatés car la France bleu blanc rouge qui veut fermer les frontières était reléguée loin derrière les mille et une couleurs qui élargissaient le paysage et nos identités. Et c’était encore une fois le corps des artistes qui endossaient « liberté égalité fraternité », en plus inventif, en plus utopique ! Oui ils nous ont épaté ces artistes-là ! C’était par essence-même un spectacle arts de la rue, une grande forme, qui allie texte, chanson, cirque, danse, lumière, musique, mapping et fumigène. Un spectacle arts de la rue réunissant une famille d’artistes qu’il faisait bon voir ! De ceux et celles qui n’ont pas eu peur de se frotter à la rue avec ses contraintes, de surpasser les intempéries, de sauter de toit en toits, de danser au-delà du possible, de jouer avec le décor imposé, pour et avec un fleuve, la tour Eiffel et le Trocadero. Ça fait sacrément du bien que les arts de la rue aient pu ce soir là être vu du monde entier. Espérons que chacun.e s’en souvienne quand il s’agira de décider, de programmer ce qui peut le mieux nous réunir, habiter nos villes et nos campagnes et nous faire grandir. Quant à moi je suis fière de faire partie de cette grande famille !
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