Que la joie pète à la hauteur de ta vessie, de ton courage, de ta maladresse, qu'elle interrompe les guerres et les insultes et crie au-dessus de la tempête !
Que la joie renverse nos terreurs affolées et nos chagrins enfouis !
Que la joie te pète à la gueule oui ! Qu'elle éclate dans tes veines, ton bide, ton cerveau ! Qu'elle te gratte le nombril comme la mauvaise herbe de ton jardin sauvage !
Que la joie enfle ta peur comme un ballon de baudruche et qu’elle s’envole le cul à l’air en plein ciel et qu’on en rigole enfin de la peur.
Que la joie noie ta peine et roucoule dans ta poitrine des nuits entières.
Que la joie te chatouille les aisselles et le trou du cul. Qu'elle agite ton cœur malade jusqu’à le faire exploser et qu’elle te pousse à embrasser goulûment.
Que la joie bouffe la saleté et le mensonge, qu’elle secoue ta pensée cartésienne et te donne la vraie raison d’être au monde, qu'elle démultiplie l’envie de sauter, de danser, de te transformer en sorcière énigmatique et volubile.
Que la joie te démultiplie à l’échelle d’un paysage, d’une avenue, d’une cathédrale, d’un stade, d’une plage, d’une ville, d’un pays, à l’échelle de la planète. Qu'elle réunisse la foule des errants, des malmenés, des pauvres et des réfugiés dans une furieuse sarabande. Qu'elle envahisse l’année, la semaine, la minute, la seconde. Qu’elle batte le pavé en fanfare et qu’elle pète un furieux feu d’artifice à en faire trembler tous les puissants.